• Chéreau à Sartrouville (1966-1969) : le parti pris du théâtre, par Pascale Goetschel

    Chéreau à Sartrouville (1966-1969) : le parti pris du théâtre
    par Pascale Goetschel

     L’histoire du théâtre en France a retenu le détachement rapide de l’expérience de Sartrouville par celui-là même qui l’avait initiée, Patrice Chéreau. La contribution entend pourtant lui rendre grâce. De fait, entre 1966 et 1969, l’aventure inédite de « théâtre populaire » qui se déroula dans cette ville communiste de la banlieue ouest, entre création et animation, bouleversée par la Révolution de 1968, paraît à plusieurs égards pleine d’enseignements.

    Elle témoigne d’abord d’une conjonction particulièrement favorable qui sera détaillée. En outre, dans la mesure où les spectacles montés durant ces trois années, de L’Affaire de la rue de Lourcine à Don Juan, illustrent la forte volonté de Chéreau de faire « théâtre permanent », un point sera fait sur les trois saisons, dont l'une interrompue. Avec l’apport des spectacles pour enfants et la venue de spectacles invités, ce sera l’occasion de dresser un panorama des partis-pris esthétiques de Chéreau directeur de salle et de montrer comment l’ensemble incarne bien, à son échelle, l’effervescence artistique de la période.

    Cependant, à Sartrouville, l’animation est intimement liée à la création. Les fondements de cette expérience, conduite à la fois en milieu scolaire et au sein d’entreprises, seront interrogés. Précisément, on se demandera si ce projet d’animation doit être assimilé ou, au contraire, distingué de ceux promus dans les Maisons de la culture, les Centres culturels communaux ou d’autres théâtres de la banlieue parisienne. Par-delà, le contenu de ce qui pourrait être qualifié de forme d’éducation populaire singulière sera passé au crible.

    La communication se terminera par le rôle joué par les événements de 1968 à Sartrouville. Quels échos y ont les débats qui se déroulent au même moment entre les directeurs de scènes subventionnées réunis à Villeurbanne ? Comment le théâtre se fait-il caisse de résonance de la contestation ? Quelles en sont les conséquences pour ses relations avec la municipalité ? Il y a là une belle occasion de relire ce que furent Mai 1968 et l’après-1968 dans le monde du théâtre.

    Chéreau at Sartrouville: the bias of the theater

    The history of the theater in France has retained the fast detachment of the experience of Sartrouville by Patrice Chéreau. The contribution nevertheless intends to pay tribute to his work at this time. Actually, between 1966 and 1969, the new adventure of "popular theater" which took place in this communist city of the suburb West, between creation and animation, upset by the Revolution of 1968, seems in several aspects full of teachings.

    It testifies at first of a particularly favorable conjunction which will be detailed. Besides, as far as the pieces produced during these three years, from L’Affaire de la rue de Lourcine to Don Juan, illustrate the strong will of Chéreau to make "permanent theater", a point will be made on the three seasons, even if the last one has been interrupted. With the contribution of the pieces of theater for children and guest productions, it will be an opportunity to draw up a panorama of the esthetic biases of Chéreau as theater’s director, and to better understand the artistic effervescence of the period.

    However, the animation is intimately bound to the creation. The foundations of this experience, led at the same time in schools and within companies, will be questioned. Precisely, we shall wonder if this project of animation must be likened or, on the contrary, distinguished from those promoted in Maisons de la Culture, centres culturels municipaux or other theaters of the Parisian suburb. Beyond, the contents of what could be qualified as “forme singulière d’éducation populaire” will be examined closely.

    The presentation will end by the role played by the events of 1968 at Sartrouville. What echos have there the debates which take place at the same moment between the directors of subsidized scenes gathered at Villeurbanne? How the theater reflects the protest movement? What are the consequences for its relations with the municipality? Lastly, all the contribution constitutes a great opportunity to re-examine what were May 1968 and “l’après-1968” in the world of the theater.


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