• Le Louvre, le théâtre, la peinture
    par Marie-Noële Sicard

    Patrice Chéreau est sollicité par Henri Loyrette, Président-Directeur du Louvre, pour être le « Grand Invité du Louvre » à l'automne 2010. À ce moment là, il découvre la pièce de Jon Foss « Rêve d’Automne » dont Pierre Boulez, à la recherche d’un livret d’opéra, lui avait recommandé la lecture. Lors d’une promenade dans les galeries du Louvre, lieux qui lui sont si familiers et depuis si longtemps, lui vient l'idée de monter « Rêve d'automne » dans le salon Denon, au cœur du Palais. Cette circonstance particulière du théâtre au Louvre révèle une partie secrète et intime de son travail : le travail des acteurs dans un vrai espace architectural ouvert et chargé par la présence de chefs d’œuvre de la peinture française du XIXe siècle que l’on aperçoit dans les fuites des galeries.

    Patrice Chéreau présentera aussi une exposition de peinture salle Restout. La peinture étant depuis toujours un élément essentiel de sa vie dont il dit, en particulier, qu’elle l’a aidé à organiser l’espace, rendre visible la musicalité des textes, à donner du sens à ce qu’il veut « raconter ». L'exposition sera comme « le livret de cette partition » qui se jouera dans plusieurs lieux du Musée où la présence de danseurs et de la chanteuse d’opéra Waltraud Meier, qui interprétera les Wesendonck Lieder, viendront inventer autant de chemins artistiques pour arpenter le Louvre, et raconter ce qui, de ce lieu, infuse le travail de Patrice Chéreau.

    The Louvre, Theater and Painting

    Patrice Chéreau was asked by Henri Loyrette President – Director of the Louvre Museum to be « le Grand Invité » at fall 2010. At that time, Patrice Chéreau discovered Jon Foss’s play called «  Rêve d’Automne » which Pierre Boulez asked him to read, as he was searching a libretto for a new opera. Walking in the Louvre art galleries, that he knew perfectly since a long time, Chéreau thought that he could put on this play in the « salon Denon » situated in the middle of the Louvre Palace.This particular circumstance of theater inside the Louvre reveals some features of Chéreau’s work : for instance,  acting in a true architectural open space meaningful because of the presence of XIX century french painting’s masterpieces all around.

    Patrice Chéreau organized also an exhibition of paintings salle Restout, as painting has always take a major part in his life. He said it helped him to organize space and to make the text become visible and revealing its profound richness and making sense to the story he wants to tell.

    Dancers, great opera singer Waltraud Meier will sing Wesendonck Lieder. All participants will find artistic ways to walk in the Louvre and tell what ,in this special place, has always steeped in Patrice Chéreau’s work.

     

     


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  • Chéreau Sound scape, la construction des paysages sonores de Patrice Chéreau
    par Anaïs Fléchet et Jean-Sébastien Noël

    Du free jazz (Albert Ayler) au rock (Les Doors, Jeff Buckley) et aux compositions originales de Fiorenzo Carpi, Goran Bregovic, Eric Neveux et Fabio Vacchi, la bande son des films de Patrice Chéreau frappe par sa diversité. Comment s’opère la construction de ces paysages sonores ? Que nous disent-ils de l’univers du créateur, de ses cohérences, mais aussi de ses éventuelles lignes de failles ? Quels liens pouvons-nous tisser entre les musiques de film, de théâtre et d’opéra ? En associant étude des œuvres et des producteurs (musiciens, mais aussi ingénieurs, monteurs son et image, documentalistes), cette contribution propose d’analyser les modalités de suggestion de l’espace dramatique par la bande-son et par la bande-originale du film.

    Chéreau – soundscape. Music and sound in the making of Chéreau’s movies

    From free jazz, (Abert Ayler) to rock music (The Doors, Jeff Buckley) and original compositions by Fiorenzo Carpi, Goran Bregovic, Eric Neveux and Fabio Vacchi, the soundtracks of Patrice Chéreau’s movies strike by its diversity. This paper aims to analyze the building of Chéreau’s soundscapes. What are they telling us about the universe of the artist? What are the links between movie soundtracks, theater music and opera? By examining both works and producers (musicians, but also sound engineers, sound editor, etc.), we’ll try to understand how soundtracks participate in the emergence and projection of the dramatic space.


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  • « Cross over the Ring ! » La rencontre Boulez-Chéreau à Bayreuth
    par Robert Piencikowski

    Contrairement aux idées reçues, la rencontre Boulez-Chéreau sur le stade de Bayreuth n’avait pour les deux intervenants aucun caractère d’évidence – du moins à ses débuts. Les options théâtrales proposées initialement par Boulez à Wolfgang Wagner – Peter Brook, Ingmar Bergman – se situant apparemment assez loin de l’esthétique de Chéreau. Après que Boulez ait finalement obtenu gain de cause auprès de l’administration du Festspielhaus, leur collaboration s’établit sur une base de confiance réciproque, le chef donnant le champ libre au metteur en scène dans la perspective d’une interprétation renouvelée du cycle wagnérien. Par-delà une réussite incontestable, une fois vaincus les derniers obstacles rencontrés en cours d’élaboration du projet, le résultat se révèle d’une extraordinaire hétérogénéité : si la direction de Boulez met en évidence le caractère ambivalent de la trame musicale, à la fois prospective et rétrospective, la mise en scène de Chéreau souligne l’extraordinaire diversité des sources wagnériennes, en projetant sur elles une lecture interprétative audacieusement hétéroclite (Shakespeare, Baudelaire, Fritz Lang, le théâtre Bunraku). Mon intervention se propose de mettre en relief ces convergences/divergences, en faisant référence à des documents inédits en provenance de la Collection Pierre Boulez déposée dans les archives de la Fondation Paul Sacher à Bâle

    The Boulez-Chéreau Meeting in Bayreuth

    Contrary to general opinion, the Boulez-Chéreau meeting on the Bayreuth stage had no sense of evidence to both challengers – at least at its beginning. The staging orientations first suggested by Boulez to Wolfgang Wagner – Peter Brook, Ingmar Bergman – being obviously far from Chéreau’s aesthetics. Afther having finally managed to receive the agreement from the Festspielhaus administration, their collaboration was based on mutual confidence, the conductor giving complete freedom to the stage director in the perspective of a renewed interpretation of the wagnerian cycle. Beyond the undisputable success, once the last obstacles during the project’s elaboration had been overcome, the result reveals an extraordinary heterogeneity : if Boulez’ conducting highlights the ambiguous dimension of the musical texture, at once prospective and retrospective, Chéreau’s staging underlines the extraordinary diversity of the wagnerian sources, projecting on them a daring disjointed interpretation (Shakespeare, Baudelaire, Fritz Lang, the Bunraku theatre). My paper intends to underscore these convergences/divergences, by referring to unpublished documentation from the Pierre Boulez Collection held at the archive of the Paul Sacher Foundation in Basle.


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  • La réception de Chéreau en Allemagne
    par Marielle Silhouette

    Il s'agira d'analyser la réception de Patrice Chéreau en Allemagne au-delà de la fameuse mise en scène du Ring à Bayreuth (1976-1980). Lauréat en 1993 du célèbre Prix Gundolf décerné par l’Académie allemande pour la langue et la littérature, membre à partir de 2003 de l’Académie allemande des Arts, Patrice Chéreau est reconnu et célébré outre-Rhin comme un artiste majeur dont les œuvres, à la portée universelle, entrent en même temps en résonance profonde avec l’identité allemande et ses déchirures.

    Patrice Chéreau’s Reception in Germany

    Patrice Chéreau’s reception in Germany shall be here analysed beyond his famous staging of the Ring in Bayreuth (1976-1980). Winner of the Gundolf Prize awarded by the German Academy for Language and Literature in 1993, he has been a member of the German Academy of Arts since 2003. Patrice Chéreau is renowned and acclaimed in Germany as an outstanding artist, whose work, with its universal reach, deeply resonates with German identity and its ordeals.


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  • Patrice Chéreau, Pierre Boulez : parcours d’un Ring (1976-1980)
    par Élise Petit

    1974 : Wolfgang Wagner propose à Boulez la direction musicale de la tétralogie du Ring de Richard Wagner, à l’occasion du centenaire de la première production. L’enjeu est d’imposer Bayreuth dans le paysage de la modernité, par le biais d'une « interprétation véritablement nouvelle avec toutes les analyses critiques indispensables ». Boulez fait appel à Chéreau pour la mise en scène. Tous deux ont en commun une fraîcheur vis-à-vis de cette œuvre gigantesque qu’ils connaissent peu, alliée à une compréhension profonde de la culture allemande et de la société dans laquelle évoluait Wagner. En s’attachant non pas aux mises en scène récentes mais au support écrit (partition, livret), chacun parvient à revenir aux intentions initiales de Wagner – trop souvent oubliées au profit d'un décorum pompeux qui s’est imposé entretemps. Chéreau se base sur le livret, qu'il met systématiquement en regard avec de nombreux écrits : philosophes de l'Auflkärung, auteurs du Sturm und Drang, sans oublier les récits de la mythologie germanique mais aussi ceux, plus proches de lui, des penseurs de Wagner parmi lesquels Adorno.

    1976 : Cris et huées perturbent les représentations, qui sont suivies de pressions économiques sur la direction et de menaces à l’encontre de Chéreau.

    1980 : Après 95 minutes de rappel et 101 levers de rideau pour le dernier Crépuscule des Dieux, la collaboration Chéreau/Boulez s’achève sur un triomphe.

    En retraçant et en analysant l’évolution des productions, avec les changements de mise en scène, de décors mais aussi d’interprétation musicale qui s’ensuivirent, cette communication montre comment la compréhension profonde de l’œuvre de Wagner fut à la fois la raison du scandale de 1976 et celle du triomphe de 1980, imposant désormais cette production comme « historique ».

    Patrice Chéreau, Pierre Boulez : The Journey of the Ring (1976-1980)

    In 1974 Wolfgang Wagner invited Boulez to conduct Richard Wagner's Ring cycle to celebrate the centenary of the first production. Bayreuth's objective was to win recognition in modernist circles by offering a "radically new interpretation with the necessary critical analysis." Boulez chose Patrice Chéreau to stage the production. Both men shared a fresh vision of Wagner's gigantic masterwork combined with a deep knowledge of German culture and of the society in which Wagner lived. Ignoring recent productions with their pompous decorum, Chéreau and Boulez returned to Wagner's original intentions as found in his score and libretto. Chéreau worked on the libretto, systematically confronting it with numerous writings: the Aufklärung philosophers, Sturm und Drang authors, not to mention Germanic mythology and Wagner theoreticians like Adorno.

    In 1976, shouting and booing disturbed the performances. Economic pressure on Wolfgang Wagner and even threats against Chéreau, followed. Yet by 1980, the Boulez-Chéreau production came to a triumphant close with 95 minutes of curtain call and ovation for the last Götterdämmerung.

    My paper will recount and analyze the evolution of the productions, with their numerous changes over the years. It will show how Boulez and Chéreau's profound understanding of Wagner's operas first led to the 1976 scandal, but also to the 1980 triumph, imposing this production as "historical."


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  • Patrice Chéreau – passeur du théâtre allemand en France

    par Nicole Colin

    Il s’agit visiblement d’une histoire croisée : L’admiration pour Patrice Chéreau en tant qu’artiste d’exception en Allemagne correspondait tout à fait à l’influence que la culture allemande a exercé sur son œuvre. Considéré comme un véritable « ambassadeur », il a reçu la même année (1993) non seulement la médaille du Goethe-Institut (Goethe-Medaille) mais aussi le Prix Friedrich-Gundolf de la Deutsche Akademie für Sprache und Dichtung (Académie de la langue et la littérature allemande), destiné aux médiateurs de la culture allemande à l’étranger. A juste titre, d’ailleurs : C’est Chéreau qui a fait découvrir aux spectateurs français le théâtre d’auteurs allemands jusque-là très peu connus en France : Lenz, Dorst, Wedekind… En outre, ce fort attachement de Patrice Chéreau à la culture allemande se reflète aussi dans ses collaborations artistiques par exemple avec Bernard Sobel ou Michel Bataillon – germanistes comme lui. La communication décrit les racines de cette relation et analyse le rôle de Chéreau comme médiateur franco-allemand.

    Patrice Chéreau – mediator du German theatre in France

    One could call it a “histoire croisée”: The admiration for Patrice Chéreau as artist in Germany corresponds to the degree of influence which the German culture had on his work. Recognised as an “ambassador”, he received in 1993 not only the medal of the Goethe-Institut, but also the prize Friedrich-Gundolf of the German Academy for Language and Poetry (Deutsche Akademie für Sprache und Dichtung), which is destined for mediators of German culture abroad. Rightly in fact, incidentally, because it was Chéreau, who has discovered for the French stage until then unknown German playwriters as Lenz, Dorst or Wedekind. Furthermore, this strong relationship is also reflected in his close artistic collaboration with other theatre-makers like Bernard Sobel or Michel Bataillon – Germanists like himself. The lecture traces the origin of this connection and analyses the role of Chéreau as a German-French mediator.


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  • D'une incarcération au bagne : l'itinéraire tchèque de Patrice Chéreau
    par Antoine Marès

    Si l’œuvre de Patrice Chéreau est apparue dans le paysage tchécoslovaque dès 1978, son premier contact physique avec le pays est lié à son engagement en faveur du dramaturge Vaclav Havel et à un très rapide passage dans le pays. Par la suite, c’est la mise en scène fameuse d’un opéra de Leoš Janáček De la maison des morts, qui a retissé le lien. Au-delà de ces deux épisodes, ce texte évoquera la réception de l’homme et de son œuvre en Pays tchèques des années 1970 à sa disparition.

    From Incarceration to Jailhouse:  The Czech path of Patrice Chereau
    If the work of Patrice Chéreau appeared in the Czechoslovakian landscape from 1978 on, his first physical contact with the country was due to his commitment to the playwright Vaclav Havel and to a very short passage in the country.  Afterwards, it is the famous staging of Leos Janacek's opera that reconnected the link between the author and the country.   This paper will trace the reception of Chereau and his work, beyond these two episodes, in Czech countries from the 1970s to his death.


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  • Chéreau et les contextes binationaux de production
    par André Helbo

    Les co-productions s’inscrivent dans un cadre à la fois institutionnel et privé. Le contexte de la collaboration entre les Amandiers et l’Opéra de Bruxelles illustre ce double éclairage.

    Le premier opéra de Chéreau à Bruxelles, monté en 1985, avait d’abord été représenté à Nanterre en 1984. Il s’agit de Lucio Silla, qui est aussi la première confrontation de Chéreau avec Mozart. Milan, Nanterre et Bruxelles sont partenaires de cette aventure à la fois personnelle et publique, qui permet la découverte d’un opera seria de jeunesse considéré comme mineur et peu connu, voire ignoré par les musicologues

    La circulation de Lucio Silla sur l’axe Paris-Bruxelles montre comment le geste créatif de Patrice Chéreau a pu être influencé spécifiquement par certaines variables : le partenariat avec Gérard Mortier, la prise en compte du statut socio-symbolique de l’opéra, la politique de subvention, les initiatives de formation. La coproduction fait également émerger la problématique des stratégies de coopération avec le spectateur et particulièrement de l’intertexte de réception, visé par le metteur en scène.

     titre anglais

    The framework of coproductions has institutional aspects but refer also to individual factors. This phenomenon is illustrated by the relationship between Les Amandiers and the Opera of Brusssels.

    The first opera of Chereau in Brussels(1985), Lucio Silla, has been coproduced with Nanterre (1984). It was the first contact of Chereau with Mozart. This partnership between The Scala, Les Amandiers and La Monnaie allowed to discover an early work of Mozart, an opera seria that most muscologists considered as a minor piece. The work of Chereau as a stage director was influenced by several variables : his collaboration with Gerard Mortier, his approach of the social and cultural role of the opera in the years 1980, the role of the State towards culture, the expectations of the audience. Behind these factors, the coproduction also gave Chereau the opportunity to work on the cooperation witn the spectator and especially to develop some specific intertexual reception strategies.


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  • Intimité (Intimacy). Un film d’auteur français en anglais
    par Ana Vinuela

    La communication examinera la manière dont Intimité (Intimacy, 2001) questionne le rapport entre langue et « identité nationale » et l’idée selon laquelle la coproduction serait l’espace privilégié pour la mise en place de transferts symboliques et économiques dans le cinéma européen. On cherchera à cerner les formes d’échange culturel mises en place dans ce film tourné entièrement en anglais, à Londres et avec des acteurs anglophones. Si la critique française a notamment salué le tournant que représente Intimité dans la consécration de Patrice Chéreau comme cinéaste, la presse et les chercheurs anglais mettent l’accent sur la capacité de transgression du film, catégorisé comme « New French Extremity ».
    Intimité naît d’une série de rencontres. La première est celle du cinéaste avec l’œuvre de l’écrivain anglais d’origine pakistanais Hanif Kureishi, qui amène Chéreau à rencontrer l’écrivain à Londres et à mettre en place une collaboration basée sur une curiosité réciproque et un désir partagé de film, que la disponibilité, l’engagement physique et le professionnalisme des acteurs vont matérialiser. Il y a ensuite la rencontre avec la scénariste Anne-Louise Trividic, qui imaginera, en français, une histoire à partir des récits de Kureishi et des textes issus des échanges entre les deux auteurs. Enfin, celle qui a lieu avec Charles Gassot, le producteur, qui accepte de soutenir, en dehors du cadre conventionnel d’une coproduction franco-britannique, la démarche singulière d’un auteur porté par une envie de dépassement.

    Intimité (Intimacy). A French Auteur Film in English

    This paper will examine how Intimacy (2001) questions the relationship between language and "national identity", and the assumption that co-production is the privileged space for symbolic and economic transfers in European cinema. We seek to identify forms of cultural exchange in this film, shot entirely in English, in London with English-speaking actors. If French critics notably recognized the turn Intimacy represents in consecrating Patrice Chéreau as a filmmaker, the English press and scholars emphasized the film's capacity for transgression, categorized as "New French Extremity."
    Intimacy originated from a series of encounters, starting with that between Chéreau and the work of the English writer of Pakistani origin Hanif Kureishi. This led Chéreau to meet the author in London and set up a collaboration based on a mutual curiosity and a shared desire of film, materialized by the emotional and physical commitment of the cast. Then came the encounter with the screenwriter Anne-Louise Trividic, who created a story in French from Kureishi’s novels at the origin of the film and texts arising from exchanges between Chéreau et Kureishi. Finally, there was the encounter with Charles Gassot, the producer who agreed to support, beyond the conventional framework of a Franco-British co-production, the ambitious approach of a unique auteur


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  • Patrice Chéreau dans le temps norvégien du théâtre français au début du XXIe siècle.
    Rêve d’automne ou l’extraversion de Jon Fosse : finitude et durabilité, corps scéniques et picturaux

    par Quentin Rioual

    Le théâtre de Patrice Chéreau s’ouvre en 2010 à la littérature dramatique norvégienne contemporaine avec Jon Fosse, c’est-à-dire avec ce que nous avons identifié comme un phénomène dramaturgique dont le metteur en scène ne fut ni le terme d’impulsion, ni le terme de propagation. Pour autant, il ne faut pas négliger le poids, d’abord économique, des mises en scène de Chéreau : l’œuvre en prose de Jon Fosse en France ne connut par exemple sa stabilisation économique qu’à partir de la mise en scène de Rêve d’automne. Cette immersion de Patrice Chéreau dans ce phénomène est surtout significative parce qu’elle vient inscrire, en France, une deuxième grande trame de réception esthétique de l’œuvre du dramaturge norvégien, jusqu’ici majoritairement l’apanage de Claude Régy, son introducteur en 1999. Notre communication reviendra d’abord sur les conditions de réception de Jon Fosse par Patrice Chéreau. Elle développera ensuite cette deuxième trame esthétique en définissant les fonctions que revêtent les points – cardinaux chez Chéreau – que sont le temps et le désir dans la direction d’acteurs et la mise en scène des situations, loin de l’apathie ou l’achronie parfois choisies pour traiter ce répertoire. Par la mise en scène de Rêve d’automne, Patrice Chéreau nous apparaît comme réfléchissant à une dialectique entre le vivant fini et l’œuvre durable, rejoignant certaines des idées d’H. Arendt (1954, 1961). Cette pensée en scène s’organise autour de la relation mise en place entre les corps des acteurs en présence, les corps picturaux du Louvre, les tableaux eux-mêmes et, enfin, les tombes. Ce frottement entre les corps scéniques et picturaux interroge le désir et le temps dans trois lieux ici combinés : le cimetière, le musée et le théâtre.

    Patrice Chéreau in the Norwegian moment of French theatre at the beginning of the 21st century.
    Rêve d’automne or Jon Fosse’s extroversion: finitude and durability, scenic and pictorial bodies

    In 2010, Patrice Chéreau’s theatrical repertoire expanded to the Norwegian contemporary dramatic literature with Jon Fosse, an author whose works generated a dramaturgical phenomenon in which Chéreau is neither the beginning nor the end. Nevertheless, we cannot neglect the weight of Chéreau’s stagings, its economic importance for example: Fosse’s works in prose became economically profit-making since Chéreau’s version of Rêve d’automne. But this staging from Patrice Chéreau is more particularly interesting because it was an opportunity to reconsider the way we can stage Jon Fosse’s texts. Indeed, until then, the importance of Claude Régy scenic aesthetics led to a very symbolic way of understanding this dramaturgy. At first, this talk will discuss the conditions of the reception of Jon Fosse by Patrice Chéreau. Then, it will develop his scenic aesthetics through two of his principal interests: time and desire, what goes quite far away from apathy and achrony often chosen by Claude Régy. Finally, and in relation with H. Arendt reflections (1954, 1961), we’ll see how, with this staging, Patrice Chéreau managed to think with scenic means to the dialectics between the living (with its end) and the work (with its durability). The origin of it can be found in the interconnection between the bodies of the actors in praesentia, the pictorial bodies of the Louvre, the paintings themselves and the graves of the play. This interconnection questions desire and time in three places that are gathered here: the churchyard, the museum and the theatre.


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